Francis John Tovey naît le 8 septembre 1956 à Londres. Passionné par le chant et la musique, il crée chez lui quelques compositions qu’il met sur cassettes, et envoie l’une d’elles à Daniel Miller, qui vient tout juste de créer son label, Mute Records. En 1979, il est signé, sort quelques 45 tours, puis son premier album.
I – Les albums de Fad Gadget
C’est en 1980 que paraît « Fireside favourites » sous le nom de Fad Gadget. En fait, le groupe se résume à lui tout seul, aidé de Daniel Miller dans la production et les arrangements. Frank Tovey s’occupe de l’écriture des textes et des compositions musicales. C’est un album assez froid, new-wave, et une vraie réussite. Les chansons sont un regard acerbe sur la société, souvent avec humour, tel le titre éponyme :
Hé maintenant, chérie, ouvre les yeux
Il y a un champignon atomique dans le ciel
Tes cheveux tombent et tes dents ont disparues
Tes jambes sont toujours présentes mais plus pour longtemps

L’année suivante, paraît « Incontinent ». La pochette représente Frank déguisé en bossu, photographié par Anton Corbijn. Mieux produit, grâce à la présence de John Fryer et Eric Radcliff (Depeche Mode, Cocteau Twins, Yazoo…), l’album met moins en avant les synthés, ce qui n’empêche pas l’originalité dans chacun des titres qui le composent, dont des instrumentaux qui lorgnent vers l’industriel. Il s’agit de nouveau d’un très bon album.
Je suis un peu plus circonspect sur « Under the flag », qui sort en 1982 avec John Fryer à la production, et la participation d’Alison Moyet (Yazoo puis carrière solo) aux choeurs. L’album est calme, et vu que Frank n’a pas une voix particulièrement exceptionnelle, ça pêche un peu. La présence de choeurs ne relève pas particulièrement l’album. J’en veux pour preuve « Plainsong » qui fait chant de noël. Mais d’autres titres, tels l’inquiétant « Cipher » avec une voix susurrée sur un piano minimaliste est très bon. Tout comme « For whom the bells toll », à propos d’une séparation difficile.
Les cloches continuent de sonner
Les portes continuent de claquer
Tu ne comprends pas
Mais les portes continuent de claquer
Pour qui sonne le glas
Pour qui sonne le glas

Des plumes et du goudron, c’est comme ça que pouvait apparaître Frank sur scène. C’est aussi l’illustration de la pochette du nouvel album intitulé « Gag », grâce une fois de plus à Anton Corbijn. On est en 1984 et le son se fait plus industriel : le disque est enregistré à Berlin au Hansa studio, avec l’aide de John Fryer et Gareth Jones, mais aussi la complicité de Einsturzende Neubauten. Très bonne production pour un excellent album.
Goudronné et emplumé comme un poulet vidé
Coincé dans une ornière, pas de chance ad nauseam
Recoudre mes lèvres et me trancher la gorge
Je m’étouffe avec le gag mais je ne comprends pas la blague
