III – Les maxis 45 tours
4 titres, bruts de fonderie, pour ce premier maxi de Tuxedomoon en 1978. « New machine » lorgne vers la new-wave, mais manque de production. « Litebulb overkill » est un instrumental fort sympathique, annonciateur de l’orientation musicale du groupe. « Nite & day », sur un rythme d’urgence, se veut un hommage au compositeur Cole Porter. Enfin, l’excellent « No tears » vient clore ce maxi, sur un rythme tout aussi rapide, entre rock, indus et new-wave.

En 1979, la suite logique de « No tears », c’est « Scream with a view », le nom de cet ep de 4 nouveaux titres. On commence par le génialissime « Nervous guy » qui a le don de vous mettre mal à l’aise avec sa musique répétitive et décalée par rapport au chant. On poursuit avec « Where interests lie » sur lequel la boîte à rythme s’en donne à coeur joie et en intensifie l’aspect claustrophobique.
« (Special treatment for the) family man » ouvre majestueusement la face B : sur un son de saxophone délétère et un synthé maladif, un chant hurlé vient contrebalancer le calme apparent. « Midnite stroll » est l’instrumental de cet ep, et vient clore avec brio le disque grâce à son mélange de saxo, sur fond de rythme synthétique lourd et lent, transcendé par les interférences d’une CB.
C’est en 1982 que paraît l’excellentissimie « What use ? » dans une version remixée, exclusivement aux US. Synthés et basse s’accordent parfaitement pour créer un écrin sonore au phrasé de l’interprète. En face B, l’instrumental « crash ! » fait le taf, en nous proposant un morceau synthétique rythmé grâce à la mise en avant du piano.

On reste en 82 avec la sortie de « Time to lose / blind ». Ce maxi ne paraissant qu’en Belgique et en France, on a droit à la traduction des paroles en français au dos de la pochette ! Je n’ai pas encore parlé des textes de Tuxedomoon, mais ils sont souvent obscurs, et parfois maladroits dans leur écriture. Sur la face A, « Time to lose » contraste entre son chant posé et lent sur une musique rapide à base d’orgue et de piano. Il est suivi de « Music #2 », un instrumental agréable joué au piano et violon.
Au verso, l’inquiétant et superbe « Blind » nous prend à la gorge pour ne plus nous lâcher pendant 7 minutes, notamment avec son saxophone angoissant soutenu par un chant lointain et maladif.
« Seul le junkie peut prendre le remède
Seul le laid peut percevoir la beauté
Seul le prisonnier peut être rendu à la liberté
Seul le mort peut vivre
Seuls les voleurs peuvent eux-mêmes se dévaliser
Seul l’ignorant peut apprendre
Seul l’enfant unique ne peut se passer de personne
Seul le mort peut vivre »
Extrait de la musique composée pour le ballet de Maurice Béjart, « Why is she bathing ? » contient 2 titres. Le premier, c’est « Ninotchka », du même nom que le film de Ernst Lubitsch, de 1939 avec Greta Garbo. La chanson est interprétée comme un traditionnel russe, sûrement plus appréciable après quelques verres de vodka.
En face B, « Again », extrait de l’album « Desire », est un titre plaisant aux fortes consonances coldwave.

En 1983, « Short stories » est divisé en 2 chapitres : « The cage » avec un chant un poil grandiloquent, sur fond de piano et choeurs; tandis que « This beast » est beaucoup plus intéressant avec son texte parlé, accompagné par une musique angoissante.
Après une pause de quasiment 7 ans, Tuxedomoon va sortir de nouveaux albums, d’abord sous le nom de Joeboy, puis sous le nom de Tuxedomoon dans les années 2000 avec une série de concerts à la clé. Peter Principle décède à l’âge de 62 ans, le 17 juillet 2017. Cela signe la fin du groupe.
Tuxedomoon, c’est pour moi une new-wave élaborée, souvent en marge de la musique classique, qui certes, joue ou chante parfois un peu de manière dissonante, mais reste passionnante à l’écoute car toujours originale, grâce à son mélange de synthés et d’instruments à cordes et à vents.
