Shane Mac Gowan vient de nous quitter ce 30 novembre 2023, à l’âge de 65 ans. Je vais revenir sur son parcours au sein des Pogues, au travers de ma collection de disques vinyls, de 1984 à 1991, date à laquelle Shane trop imbibé d’alcool et de drogues sera rejeté du groupe.
Shane Mac Gowan naît le jour de noël, le 25 décembre 1957 en Angleterre, bien que de parents irlandais. Il vivra en alternance aussi bien en Irlande qu’en Angleterre. En 1977, il fait partie de « The nipple erector », groupe punk de l’époque. Et c’est en 1982, qu’il décide de se rapprocher de ses racines irlandaises, en fondant le groupe The Pogues, qui va mélanger punk et musique traditionnelle. Le groupe est d’abord réputé pour ses concerts énergiques, avant de signer chez Off the track records pour sortir leur premier album en 1984.
I – Les albums
« Red roses for me » propose un mélange de reprises de traditionnels irlandais et de chansons écrites par Shane. L’ensemble est très bon, et on n’y voit que du feu entre les reprises et les morceaux originaux. Shane nous raconte son pays, l’Irlande, et n’oublie pas l’alcool qui coule souvent à flot. Le disque est produit par Stan Brennan, qui accompagnait déjà le 1er groupe de Shane, « The nipple erector ».
L’année suivante paraît « Rum, sodomy and the lash ». Ce titre étrange, qui signifie « Rhum, sodomie et le fouet », est en fait tiré d’un discours de Winston Churchill à propos des traditions de la marine. La superbe pochette, qui reprend le tableau du « Radeau de la Méduse » de Géricault, mais dont les personnages sont remplacés par les membres du groupe, abrite un excellent opus.
C’est celui de leurs premiers succès internationaux avec notamment le dynamique « Sally Maclennane » et le très connu « Dirty old town ».
I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall
Dirty old town
Dirty old town
C’est le dernier album où figurera Cait O’Riordan, la seule femme du groupe qui joue alors de la basse. Elle se mariera avec le producteur de l’album… Elvis Costello ! Ce dernier est loin d’être un inconnu, puisqu’il a produit notamment les Specials, et connaîtra le succès avec son groupe The Attractions.
En 1987, Alex Cox dirige « Straight to hell », un film improbable : un faux western qui met en scène Joe Strummer, Grace Jones, Dennis Hopper, Jim Jarmush, Elvis Costello… et les Pogues ! Un scénario foutraque et des acteurs qui n’en sont pas mènent le film droit dans le mur. Personnellement, je ne suis pas arrivé à le regarder jusqu’à la fin.
Toutefois, on en retire une BO originale et intéressante. Le LP contient 5 titres des Pogues, dont certains inédits, comme une reprise accélérée du « Le bon, la brute et le truand » de Ennio Morricone, et la 1ère version de « If I should fall from grace with god », titre éponyme de leur album suivant.
Celui-ci sort en 1988, avec Steve Lillywhite aux commandes, le producteur notamment de Ultravox, Peter Gabriel et U2 ! C’est l’album de la maturité, et peut-être bien mon préféré. En tout cas, c’est le plus gros succès commercial des Pogues. La production est magnifique pour un album cohérent avec des textes majoritairement écrits par Shane.
On retiendra entre autres le titre éponyme, mais aussi le vibrant « Bottle of smoke », la superbe ballade « Fairytale of New-York », ainsi que le festif « Fiesta »
Steve Lillywhite remet le couvert pour le nouvel album des Pogues, en 1989, intitulé « Peace and love ». Sur 14 titres, seuls 6 sont écrits par Shane, et il n’en interprète que quelques-uns. Finies les reprises de chansons traditionnelles irlandaises, l’album s’éloigne de ce qui a fait le succès du groupe. Shane est moralement et physiquement au bout du rouleau après une très longue tournée qui a suivi le succès de l’album précédent. L’usage intensif d’alcools et de drogues n’arrangeant rien.
Par conséquent, c’est à un renouvellement musical des Pogues auquel nous assistons. Et même si je trouve que c’est leur album le plus faible, ça reste un bon disque. Il faut juste se faire à l’idée qu’il est beaucoup plus mainstream et que la glorieuse époque des Pogues menée par son leader, Shane, est désormais du passé.
« Hell’s ditch » sort en 1990, et c’est d’ores et déjà le dernier album auquel participe Shane Mac Gowan. En effet, celui-ci étant devenu incapable d’assurer les tournées, il est d’un commun accord viré du groupe. Les Pogues perdent à la fois leur âme et leur talentueux parolier.
Le producteur est loin d’être un inconnu, puisque c’est Joe Strummer des Clash qui va s’atteler à la tâche. Et pour l’anecdote, c’est lui qui va remplacer un temps Shane sur scène !
« Hell’s ditch » va nous faire voyager, notamment en Asie, puisque plusieurs titres évoquent ce continent, tels que « Sayonara » et « Summer in Siam », mais aussi en Espagne avec « Lorca’s novena », chanson en hommage au poète Federico Garcia Lorca. Et si l’Irlande n’est désormais plus le thème central, c’est un très bon album, plus calme, mais avec Shane au chant et à l’écriture.
Il faut attendre 1991 pour voir paraître une première compilation du groupe, en vinyl. Sobrement intitulée « The best of the Pogues », elle parcourt les 5 premiers albums du groupe, soit la période Mac Gowan.
Beaucoup plus intéressant qu’une compilation, ce sont les « BBC sessions 1984-85 » qui sort en 2020 pour le RSD. Pas moins de 2 disques pour brosser les apparitions TV du groupe au John Peel show, Kid Jensen show et Janice long show. Le son est excellent et on va parcourir une bonne partie des meilleurs titres des Pogues, avec leur énergie légendaire en live. Et même si cet album a entretemps pris de la côte, je le recommande chaudement.
En 1992, paraît la suite de la 1ère compilation, intitulée « The rest of the best ». Elle nous permet d’approfondir le répertoire du groupe, grâce à des titres un peu moins célèbres, mais tout aussi bons.
Pour clôre la partie albums, un petit Baktabak qui y va de son picture disc interview.
A suivre : les maxis 45 tours.
