A l’occasion des 20 ans du décés de Joe Strummer, je vous propose de revisiter la discographie des Clash en vinyls.
Joe Strummer, de son vrai nom John Graham Mellor, naît à Ankara, en Turquie, le 21 août 1952. En 1976, il cofonde le groupe punk « The Clash », avec Mick Jones et Paul Simonon, ainsi que Topper Headon qui les rejoindra un peu plus tard. Les deux premiers sont au chant et à la guitare, les deux derniers respectivement à la basse et à la batterie. En 1976, ils commencent à jouer dans des clubs en Angleterre, notamment en première partie des Sex Pistols. En 1977, ils sont d’ores et déjà signés chez CBS.
I – Les albums
Leur premier album, éponyme, est un succès. Autant dire qu’en pleine période punk, les textes engagés, écrits par Strummer, font mouche, et leur énergie rock est tout à fait dans l’air du temps. Sur cet opus figurent des titres qui vont devenir des classiques du groupe : « Career opportunities », « Police and thieves », ou « White riot ». A noter que sur l’édition US, « I’m so bored with the USA » n’apparaîtra pas… On se demande bien pourquoi ! 🙂
Et puis, il y a aussi la chanson « London’s burning », qui fait écho au « Anarchy in the UK » des Sex Pistols. Et histoire d’enfoncer le clou, le verso de la pochette montre une charge des bobbies…
London’s burnin’
(With boredom now)
London’s burnin’
(Dial nine nine nine nine nine)

Un an plus tard, sort « Give’em enough rope ». Topper Headon a remplacé Tory Crimes à la batterie. L’album comporte moins de brulôts incendiaires que son aîné. Je retiens surtout « English civil war », histoire d’être raccord avec le premier opus, ainsi que « Tommy gun », une chanson dans laquelle Strummer dénonce la fierté mal placée des terroristes à la lecture de leurs méfaits.
A l’époque, c’est James Callaghan, du parti des travaillistes, qui est le premier ministre. Autant dire que l’agitation sociale n’est pas prête de s’arrêter avec l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher, l’année suivante, en 1979, car elle est du parti des… conservateurs !
Ce n’est donc pas l’arrivée de Thatcher au pouvoir qui va calmer nos trublions, bien au contraire… Une des pierres angulaires du punk sort cette année là, sous la forme d’un double album intitulé « London calling ». Et c’est un déluge de bons titres, tels « Spanish bombs », un hommage aux résistants durant la guerre d’Espagne, « The guns of Brixton », qui dénonce une fois de plus les violences policières, ou encore le morceau titre « London calling », sur les risques du nucléaire.
The ice age is coming, the sun’s zooming in
Engines stop running, the wheat is growing thin
A nuclear era, but I have no fear
‘Cause London is drowning,
I live by the river
Et si la pochette reprend, non sans malice, la typographie du premier album d’Elvis Presley, le contenu s’éloigne du rock. L’album est en fait une ouverture réussie du groupe vers d’autres genres musicaux. On est en 1979, et le déclin de la musique punk, qui n’a été qu’un feu de paille, s’annonce déjà. Le groupe interprète donc dans différents styles, dont le dub et le reggae, ses différentes chansons, toujours écrites par Joe Strummer.

Ces styles vont être encore plus proéminents dans le triple album « Sandinista » qui sort en 1980. Les arrangements sont davantage travaillés, la musique encore plus aboutie : on est très loin de l’urgence foutraque punk. C’est personnellement mon album préféré des Clash. Certains titres sont enregistrés à New-York, car les Clash rêvent de conquérir l’Amérique… et aussi en Jamaïque. Ce qui nous permet de retrouver notamment Mikey Dread à la production, et ça s’entend !
Joe Strummer souhaite que ces 3 disques sortent à un prix abordable pour les fans, il va donc rogner sur ses royalties personnelles pour que ça soit le cas.
Un titre que j’adore, et qui est probablement celui qui m’a fait découvrir The Clash, c’est « The magnificient seven » qui ouvre l’album. Il s’agit d’un rap sur fond de batterie et guitare, au rythme sec et énergique. J’aime beaucoup aussi l’enchaînement de « One more time » avec « One more dub », le même titre suivi de sa version dub. D’autres chansons interpellent, tel « The call up », contre le service militaire, ou « Washington bullets », un pamphlet sur les révolutions face aux politiques gouvernementales.
Une partie de l’insert tri-fold dans l’album « Sandinista », qui propose de manière illustrée, les textes des chansons :

« Combat rock » sort en 1982. 3 titres sortent du lot, même si l’ensemble de l’album est très bon. Il s’agit de « Should I stay or shoud I go ? », à propos d’un couple dont la relation bat de l’aile, « Rock the casbah », sur l’interdiction de la musique rock en Iran, et « Straight to hell », dont le thème est les enfants nés au Vietnam de pères américains.

Il faut attendre 3 ans avant que ne sorte l’ultime album des Clash, « Cut the crap ». Mick Jones ne s’entend plus avec Joe Strummer, et du coup il est écarté. Exit également Topper Headon, devenu un camé, alors que Joe Strummer a toujours été contre les drogues. Restent donc Joe, Paul Simonon, et 3 nouveaux venus. Du coup, 50% de Clash, ça donne quoi ? Eh bien, la production lourdingue, assurée par leur manager, Bernard Rhodes, avec souvent des chants en choeurs scandés, lisse pas mal la musique qui en devient anémique et pas mal répétitive. C’est clairement le moins bon album des Clash. Seul « This is England » sort en single, et c’est de loin, le meilleur titre !
Et donc, si Clash, c’est fini… Que reste-t-il pour faire encore des sous ? Eh bien des compilations !
Le volume 1 de « Story of the Clash » sort en 1988. Il n’y aura jamais de volume 2… Et c’est une excellente compilation qui reprend, sur 2 disques, leurs 5 premiers albums. J’ai presque envie de dire que tout est là… On navigue donc de 1977 avec « Clash city rockers » jusqu’en 1982 avec « Rock the casbah ».

3 ans seulement plus tard, après la resortie de certains de leurs succès en single, il faut bien évidemment une nouvelle compil. C’est chose faite avec « The singles », qui comme la compilation précédente, laisse de côté le dernier album. C’est donc un condensé, sur un seul disque cette fois-ci, de 18 de leurs meilleurs titres.
On remonte en 1980 pour une mini compilation, sortie en 25 cms exclusivement aux Etats-Unis, intitulée « Black market Clash ». Seulement 9 titres, mais de qualité, puisqu’on retrouve une version inédite de « Bankrobber » enchaînée à « Robber dub », des remixes de « Pressure drop » et « Time is tight », ainsi que des faces B de singles. La compil est homogène, avec un choix de titres punks au recto, contrebalancés par des chansons reggae / dub au verso.

Puis, en 1993, c’est un triple 25 cms qui paraît : « Super black market Clash », et qui reprend d’autres titres rares ou inédits du groupe. Il ne sort qu’en Angleterre et aux Etats-Unis. Une compilation originale hautement recommandée !

Beaucoup plus excitant que les compiles, c’est bien sûr, les lives ! Il en existe seulement deux en vinyls officiels.
Le premier sorti, c’est « From here to eternity ». Il s’agit d’une compilation de concerts, éditée en 1999. 17 titres issus des différentes tournées des Clash, de 1978 à 1982, notamment à Londres, Boston et New-York. Forcément, un patchwork d’extraits de concerts, ça ne fait pas un concert ! Mais faute de mieux, on prend quand même du plaisir à entendre l’énergie déployée par le groupe. Le son est correct, mais pas fabuleux non plus.

Ce n’est qu’en 2008, qu’on peut enfin se délecter d’un concert complet, celui du 13 octobre 1982 au Shea Stadium de New-York. Et forcément, ça change tout dans la démarche auditive, avec une très belle prestation du groupe, qui reprend donc des titres de ses 5 premiers albums. Et forcément, pas de « Cut the crap » qui sortira 3 ans plus tard, et qui joue à chaque fois le rôle du pouilleux. C’était vraiment l’album de trop !
L’intérieur de la pochette ouvrante de « From here to eternity » :

Enfin, deux bootlegs :
- « Stay free » qui propose le concert de New-York donné le 21 septembre 1979, avec un son très correct et pas moins de 16 titres.

- et celui du live au Nakano Sun Plaza, à Tokyo, le 1er février 1982, très justement intitulé « Tokyo calling ». Le son est bon, bien qu’un poil étouffé, mais rien que pour les interprétations live de « This is radio Clash » ou « Armagideon time », on en redemande !

Et pour terminer cette sélection de 33 tours, Baktabak y va bien sûr de son picture disc interview !
A suivre : les maxis 45 tours
